Monsieur Barre

La lutte contre les fraudeurs est l’un des grands axes du gouvernement Chirac, avec le ministre de l’économie Fourcade qui en avait fait une priorité en 1975. Monsieur Barre la poursuit.

Dans son discours de politique générale d’octobre 1976, il déclare notamment : « La justice sociale ne repose pas seulement sur un effort de solidarité nationale, mais aussi sur une réduction des illégalités. La première démarche en ce domaine est de faire disparaître la fraude fiscale. Celle-ci crée des privilèges iniques auxquels les Français sont de plus en plus sensibles. »

Outre la lutte contre la fraude fiscale, Raymond Barre s’engage plus largement en faveur de la transparence fiscale. C’est toujours à l’Assemblée nationale, mais quelques jours plus tard qu’il déclare : « Le gouvernement comprend le souci exprimé par beaucoup de Français de faire disparaître certaines zones d’ombre qui existent dans la fiscalité française. Il est prêt à renforcer la transparence fiscale.

A la lumière de récentes infos en provenance de Suisse, tout cela laisse sans voix

Vulgarité

« États-Unis. Novembre 2016. Un magnat de l’immobilier gagne les élections présidentielles. Narcissisme, ignorance, grossièreté, brutalité : il coche toutes les cases. Un mot revient en boucle pour qualifier le personnage : vulgarité. »

Comme de nos jours les grands chefs de cuisine ont été érigé en grands penseurs des temps modernes, que les critiques gastronomiques se piquent de philosophie, qu’Onfray, Houellebecq et autres graphomanes se vautrent dans la vulgarité tels des porcs dans le lisier, que les sociologues patentés se sont à jamais discrédités dans leurs bafouilles indignes sur les gilets jaunes, que le fric-roi ruisselle sur une poignée de privilégiés, que la communication a remplacé la réflexion, que le Medef ose inviter une ignare qui n’a jamais rien fait de ses dix doigts, que Mélenchon éructe, que le moi je s’impose, que le chacun pour soi occupe tout l’espace, que le ce n’est pas de ma faute dégouline, que le faux-luxe à la Bernard Arnault nous domine, que les grands prédateurs de la distribution et de l’agroalimentaire font semblant de compatir sur le triste sort des producteurs de minerai, que comme l’écrit Catherine Bernard « nous, vous, moi continuons à prendre l’avion comme nous allons promener le chien, goûtons aux fruits exotiques comme si on les cueillait sur l’arbre, mettons la capsule dans la machine à café comme un timbre sur une lettre », que nous brûlons nos dernières cartouches avec la désinvolture d’un Gainsbourg, j’ai décidé d’entrer en guerre contre la vulgarité.

Posture, imposture, dictature des médiocres, le paraître, l’indécence des élites, la déliquescence d’une gauche qui n’a plus que sa bonne conscience en bandoulière, la grossièreté, le sans-gêne :

« Au surplus, le pouvoir que donne l’argent et la fascination qu’il exerce sur autrui portent à certains travers : l’égocentrisme, la vanité, la prétention ou encore le sans-gêne impoli et grossier »
Bertrand Buffon. Vulgarité et modernité chez Gallimard

Alain Chany

Pensées pour ce cousin disparu que j’ai peu connu et qui m’est parfois si proche

Vessies et lanternes

Mon métier consiste à se méfier des mots. En dépit des apparences, il s’agit là d’un travail de force qui mérite d’être récompensé. L’État m’autorise un litre de vin par jour, ce qui me semble peu, vu l’ampleur de ma tâche, et ma difficulté d’être..

Marie-Jeanne s’inquiète de mon silence qui, pense-t-elle, veut en dire long. Elle attend de moi des phrases que je ne saurais prononcer. C’est qu’elle m’a pris pour mes poèmes. Ils devaient être trop vagues. Maintenant, nous sommes dans de beaux draps. Chacune de nos discussions prend le tour d’une séance du dictionnaire de l’Académie. Les regards complices ne sont pas tout ; il faut que nous nous précisions.

Elle dit, comme moi, préférer un langage de qualité, passé à toutes sortes de cribles, au vague accord qui naît du langage « auberge espagnole » où tout le monde trouve son compte sans retrouver l’autre. Elle le dit, mais je ne suis pas sûr qu’elle le pense vraiment. Ou, plutôt, je crains qu’elle ne pense comme moi. Je voudrais qu’elle pense comme elle. Je lis partout que les révolutions exportées ne réussissent pas. Je me prends pour une révolution : elle était vierge, et elle a cru en moi, sous forme d’alexandrins. Moi, j’avais la ferveur de croire en nous. Nous sommes dans de beaux draps.