Manipulations

C’est rare qu’une revue scientifique d’un pays développé soit soumise à un visa du pouvoir politique. Est-ce le cas aux Etats-Unis avec l’administration Trump et COVID-19 ?

Un cri d’alarme est lancé par trois anciens rédacteurs de MMWR (Morbidity and Mortality Weekly Report) publié par les CDC (Centers for Disease Control and Prevention). Ils disent bien qu’ils n’ont pas de preuves, mais ils ont observé des comportements rapportés par des médias. S’ils expriment dans le JAMA du 22 septembre avec prudence, ce n’est pas anodin. Le MMWR a bientôt 60 ans, et c’est une publication de forte notoriété en épidémiologie et santé publique, avec un facteur d’impact de plus de 13.

Voici le début de ce viewpoint : Depuis le 11 septembre, des sources ont rapporté que des personnels du Département américain du ministère de la santé (HHS pour Health and Human Services) ont demandé de relire et réviser des rapports scientifiques sur la COVID-19 à publier dans MMWR. Il semblerait que ces relectures aient déjà retardé des publications et apportés de changements de langage de certains rapports. Il n’y a pas de faits précis dans ce viewpoint, mais prendre ainsi la parole est courageux. Ces observations sont cohérentes avec d’autres rumeurs sur la COVID-19, en citant un autre article du JAMA.

La manipulation de revues scientifiques par des pouvoirs autoritaires existe encore !

Anniversaire

Le 27 septembre 1822, à Paris, Jean-François Champollion (32 ans) expose devant l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres ses découvertes relatives aux hiéroglyphes. Deux semaines plus tôt, au terme de recherches harassantes qui ont beaucoup affecté sa santé, il est arrivé en effet à déchiffrer l’écriture des anciens Égyptiens.

Rivalité franco-britannique

Né à Figeac, dans le département du Lot, ce surdoué apprend très tôt de nombreuses langues anciennes et, poussé par la nécessité, devient professeur d’histoire.

Il se passionne bientôt pour la civilisation des pharaons, mise à la mode par l’expédition en Égypte de Bonaparte, en 1798-1799.

En 1798, des soldats français découvrent à Rosette, dans le delta du Nil, une pierre noire gravée de trois textes dont l’un en grec ancien, un autre en démotique, une écriture égyptienne tardive, et le troisième en hiéroglyphes.

La pierre est embarquée sur un navire à destination de la France mais les Anglais l’interceptent et la transportent à Londres, au British Museum.

Elle va dès lors exciter la curiosité des savants, en particulier du jeune Champollion et d’un Anglais de quinze ans son aîné, Thomas Young. Young déchiffre la version démotique et découvre que les cartouches en hiéroglyphes contiennent les noms de divers pharaons.

Jean-François va plus loin. Il observe que le texte hiéroglyphique contient trois fois plus de signes que le texte grec ne compte de mots. Il en déduit que les hiéroglyphes (on en recense environ 5 000) ne sont pas seulement des idéogrammes, contrairement aux préjugés ambiants. Ils peuvent aussi dans un même texte servir de signe phonétique comme nos lettres de l’alphabet.

C’est ainsi qu’il déchiffre les noms de Cléopâtre, Ramsès et Thoutmosis le 14 septembre 1822. L’émotion le fait alors sombrer dans un état d’inconscience. Il révèle un peu plus tard sa découverte dans une lettre à l’Académie des Inscriptions et des Belles Lettres.

Jean-François Champollion meurt de surmenage à 42 ans, au milieu des honneurs, après avoir enfin visité l’Égypte, le pays de ses rêves.

Extrait de l’article de Fabienne Manière rédacteur au magasine Hérodote

Tests covid

Propos de Gilles Pialoux, médecin spécialiste et Professeur des Universités

Des chiffres préoccupants

Nous sommes le 11 septembre et les chiffres dont on dispose sont issus de Santé Publique France à la date du 10 septembre. Ces chiffres ne sont pas bons et sont préoccupants. La résurgence épidémique n’est pas nationalement égale mais touche plusieurs régions puisque quatre régions, l’Ile de France, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie et le PACA regroupent 68 % des malades en réanimation. Ce 10 septembre, il y a eu près de 10 000, 9843 nouveaux cas, ce qui fait près de 50 000 nouveaux cas en 7 jours avec une politique de dépistage qui a augmenté certes mais qui n’explique pas cette remontée, avec un taux de positivité des PCR qui est de 5,4 % la première semaine de septembre et des recours aux urgences et à SOS Médecins qui sont en augmentation. Le COVID représentant près de 10 % des recours à SOS Médecins.

Le 11 septembre est le jour où sont annoncées les mesures gouvernementales mais mon propos va concerner les tests. Nous sommes assez perdus actuellement sur les tests avec une surinformation, des publications souvent très précoces, des communiqués de presse des entreprises des tests. Comment s’y retrouver ?

La situation actuelle sur le plan des dépistages n’est pas satisfaisante avec, comme vous le savez, une attente dans plusieurs régions dans les laboratoires de ville, mais aussi une pression sur les réactifs dans les milieux hospitaliers.

Et donc plusieurs pistes sont ouvertes.

Résultats encourageants avec les tests salivaires

La salive est sûrement une matrice très intéressante.

La piste de la salive s’oppose au prélèvement nasopharyngé qui est contraignant, parfois douloureux et compliqué dans sa répétition.La salive est sûrement une matrice très intéressante. Un papier du New England of Medicine daté du 30 août qui analyse notamment chez des soignants asymptomatiques la comparaison entre le prélèvement salivaire et le prélèvement nasopharyngé avec semble—t-il mais, là aussi, la littérature peut être contradictoire, un avantage à la salive dans les premiers jours des symptômes et chez les patients asymptomatiques[1]. Ces données sont à vérifier mais la salive peut être un outil intéressant pour des recherches de cluster avec la PCR associée.

Controverse

Controverse sur France Culture

Au micro de Guillaume Erner, chaque vendredi à 7h12, Nicolas Martin, producteur de l’émission « La méthode scientifique », du lundi au vendredi à 16h sur France Culture, vient éclairer certains aspects de l’épidémie de coronavirus.

Ce matin, 25 septembre 2020, qu’en est-il de la mutation du virus ? Que peut impliquer une mutation du SARS-CoV2 ? Quels effets en matière de contagiosité ?

Nicolas Martin fait le point :

Le virus a-t-il muté ?

« Dans la dernière vidéo qu’il a postée sur le site de l’IHU (Institut hospitalo-universitaire Méditerranée), Didier Raoult dit je cite « ce n’est pas la même maladie qui circule ». Il dit encore : « il existe différents mutants qui sont corrélés avec l’existence de formes moins graves ». Il dit encore : « c’est un phénomène, le Sars Cov 2 vit un phénomène de mutation accélérée ».

« J’ai le regret de vous dire que tout cela est soit complètement faux, soit très approximatif en tout cas, ça a la vertu de semer la confusion. Nous allons donc reprendre tout ça depuis le début et essayer de comprendre la réalité de ce que sont les mutations de ce coronavirus. »

« Le Sars Cov 2, c’est un virus à A. R. N. Ce n’est pas l’ADN. L’ARN, c’est la phase intermédiaire entre l’ADN et la transcription en protéines. C’est un virus ARN qui est très long, beaucoup plus que les virus à ARN classique. Il a 30.000 bases là où la grippe, par exemple, en a entre 10 et 15 et le VIH, en a 9000. C’est un virus, donc très long.  Il s’avère que les virus à ARN, quand ils se retranscrivent notamment en protéines ou quand ils se dupliquent, font des erreurs. Les virus, quand ils mutent, font plein d’erreurs – contrairement à l’ADN, qui est très, très stable. »

« Le Sars Cov 2, lui, a un outil de correction d’erreur. C’est ce qui fait que c’est un virus très stable. C’est un virus qui mute moins que les virus habituels, comme la grippe (pour la grippe, on doit se faire vacciner chaque hiver, par exemple, parce que le virus a muté et qu’il faut donc se préparer à un autre virus). Le Sars Cov 2, lui, est très stable grâce à cet outil de correction. On estime qu’il a des mutations pérennes environ une à deux fois par mois. »

« Mais oui, le Sars Cov 2 mute. Tous les virus mutent. C’est même une stratégie de défense contre le système immunitaire. Mais mutation ne veut pas dire évolution. La mutation, c’est quand le virus se réplique à l’intérieur des cellules, quand à un moment donné, au lieu de mettre une lettre, il se trompe et en met une autre. Et qu’est ce qui se passe quand il y a une lettre qui est remplacée au moment de la transcription ? La plupart du temps, l’écrasante majorité du temps, il ne se passe rien. Pourquoi ? Parce que tout l’ARN, comme l’ADN, n’est pas codant. Par exemple, dans notre génome, on estime jusqu’à 98% de notre ADN qui n’est pas codant, qui est de l’ADN non codant, c’est-à-dire qui ne sert pas à exprimer des protéines. C’est la même chose pour les virus. »

Donc la plupart du temps, une mutation, ça ne se voit, pas.

« L’autre écrasante majorité, c’est que quand une lettre change, ça fait comme une sorte d’ erreur, comme dans un code informatique, et du coup, ça fait une erreur fatale et du coup, le virus n’est pas viable, il meurt. Il est extrêmement rare qu’une mutation change le fonctionnement du virus. Et encore plus pour le Sars Cov 2, puisque, comme je vous le disais, il y a ce système de correction qui est inclus à l’intérieur de l’ARN viral.  »

Les propos de Didier Raoult sur un virus mutant corrélé avec des symptômes moins graves

« Tout part d’un article de la revue « Cell » au mois de juillet (2020), qui a fait la phylogénie du virus = d’où venaient les différents clades. Il y a des petites mutations et on dit qu’il y a sept grands clades, depuis la Chine, qui se sont répartis sur l’ensemble du monde. Par exemple, il y a un clade européen, un clade américain, un clade chinois. Bref, ça ne change pas la nature du virus, mais il y a des petites modifications qui font qu’on peut les repérer comme ça. Et cet article de la revue « Cell » a noté une mutation qui s’appelle G 614.  »

« On remarque, quand on fait la phylogénie du virus, que cette variante, G 614, est sortie de Chine et elle s’est répandue partout en Europe dès le mois de mars. Nous tous, en France, aux Etats-Unis, en Occident, en Amérique du Sud, nous sommes contaminés par la variante G 614.  »

« Si cette mutation s’est répandue, c’est qu’elle a un avantage évolutif puisqu’ elle a supplanté l’autre ? Vraisemblablement. On a regardé ça  in vitro. Effectivement, on se rend compte que le variant G 614 est plus infectieux, ça veut dire qu’il rentre mieux à l’intérieur des cellules. »

« Plus infectieux », ceci ne veut pas dire « plus contagieux », mais que le virus a plus de facilité à rentrer dans la cellule – ça c’est in vitro.

« Le problème, c’est qu’aujourd’hui, aucune étude (comme nous l’a confirmé Anne Goffard, virologue à l’Institut Pasteur de Lille), n’a mis en évidence que ce qu’on constate in vitro se passe in vivo. Entre le laboratoire et la vie réelle, il y a un océan, un univers, et ce n’est pas parce qu’on voit des choses in vitro que c’est réel, in vivo. C’est exactement ce qui s’est passé avec l’hydroxychloroquine : ça bloque la réplication du virus in vitro, mais ça ne marche pas in vivo. »

La délétion du virus

« Un article publié dans « Le Lancet » le 18 août 2020 parle de la délétion Delta 382. L’étude du « Lancet » est une méta étude : elle a pris des données à postériori dans des hôpitaux et examiné la version du virus qui avait infecté un certain nombre de patients. Et le résultat de cette méta étude, c’est que là, il y avait moins à priori de besoins en supplémentation en oxygène chez les patients qui étaient infectés par cette version Delta 382. »

Du coup, ça voudrait dire que cette version du virus est moins virulente. Mais problème – ça, pour le coup, c’est une réalité (la méta étude) – c’est que cette version, cette modification, ce variant du virus, est extrêmement limitée géographiquement. On ne la trouve qu’à Singapour et autour, dans sa région. Cette version n’est pas arrivée en Europe. »

Donc, il n’est pas vrai de dire qu’aujourd’hui, la version qui circule et qui nous contamine est une version moins virulente que celle qu’on avait au mois de mars. C’est a priori strictement la même.

Sebastião Salgado

Un paysage peuplé de vie entre ciel et terre… Sebastião Salgado a survolé l’immense territoire de la forêt amazonienne pour montrer son rôle essentiel pour la vie de notre planète. Les feux provoqués par l’activité humaine sont une “Blessure” ouverte que le photographe nous décrit dans cette nouvelle exposition à l’Espace Frans Krajcberg (Paris). La sélection de ses photographies inédites nous révèle la force et la vitalité de l’Amazonie et nous rappelle de prendre conscience des dangers qui peuvent menacer cet immense écosystème, si important pour l’équilibre planétaire.

Une photo extraite de cette exposition qui a lieu actuellement à Paris

 

 

Perpétuel recommencement

Tout y est ou presque.
Confinement, pas de réel médicament, le grand médecin de la capital et sa pseudo science, les petites mains soignantes aux premières loges, le masque de thériaque, les morts évidemment….

« En 1631, la peste sévit à Clermont-Ferrand, surtout dans le faubourg des Gras. Elle règne en même temps à Riom, Thiers, Issoire et à peu près partout dans les moindres bourgades. A Orsonnette, qui comptait de 150 à 180 habitants, on dénombra 22 morts entre le 6 octobre et le 6 novembre. A Riom, Abraham de la Framboisière, médecin célèbre à Lyon, appelé, fait construire 200 cabanes en dehors de la ville et y fait conduire les 460 pestiférés.

Avant de quitter Lyon, il avait fait acheter des aromates pour une somme considérable. Il arriva à Riom avec 3 voitures chargées de térébenthine, d’encens, d’oliban, de vernie et d’huile de nard. Immédiatement, les consuls désignèrent les barbiers-étuviers pour parfumer les maisons infestées. Ils y pénétrèrent avec les plus grandes précautions, portant au cou du mercure dans une aveline, les narines remplies de thériaque. Ils faisaient brûler des parfums et tiraient des coups d’arquebuse dans les maisons »

Marc Doussé (Perrier un village de Basse Auvergne 4 siècle d’histoire G. Hervé)

Médecine Navajos

La médecine traditionnelle des Navajos  s’appuie sur des traditions orales et des récits initiatiques. Pour les maîtriser, l’apprenti passe dix à quinze ans auprès d’un homme ou d’une femme médecin, un « hataali », qui possède déjà ce savoir. Le malade doit s’identifier à un « malade initial », personnage d’un récit initiatique, et traverser avec lui les dangers du récit, qui sont métaphoriquement ceux de la maladie, pour finalement accepter et surmonter ses peurs. C’est par ce processus initiatique que le malade atteint la guérison.

Il s’agit de guérir à la fois le corps et l’esprit. La personne malade est avant tout considérée comme une personne en déséquilibre, physiquement, psychiquement ou socialement. Le rôle de l’hataali est de recréer le lien entre le malade et sa communauté. Le malade, physique ou psychique, doit retrouver un état de communion avec tous ceux qu’il sera amené à rencontrer, même ses ennemis, pour être réintégré dans un équilibre social. Les cérémonies de guérison navajos sont appelées « Voies », ce qui souligne la responsabilité du malade dans le processus de guérison. Il doit identifier les situations de son quotidien qui l’ont amené à se sentir mal pour ensuite procéder aux modifications de comportement nécessaires afin de retrouver « hozho », l’harmonie. Après la guerre de Corée ou du Vietnam, la Voie de l’Ennemi était organisée afin que les vétérans surmontent leur traumatisme et se sentent en paix avec ceux qu’ils avaient tués.

Nausica Zaballos (Hérodote)

Beauté et santé

Et si nous retrouvions la beauté ?
Dr. Françoise Dencuff

Lettre d’Expression médicale n°463
Hebdomadaire francophone de santé
11 septembre 2006

Un petit reportage de midi (Journal de TF1 – JT, lundi 4 septembre 2006) sur L’école Saint Thomas de Strasbourg m’a tout à coup incitée à réfléchir sur la Beauté et l’impact qu’elle peut ou doit avoir sur la santé. Une ballade de quelques heures sur la Toile m’a permis de mettre à jour quelques connaissances philosophiques et de donner chair à ces quelques lignes.

Retrouver la confiance:
En repensant à cet édifice superbe présenté au JT et surtout aux réflexions des élèves fiers de leur établissement et exprimant sans réserve la conscience de la chance qu’ils avaient de travailler dans un endroit exceptionnel, j’ai tout à coup réalisé à quel point la beauté était absente dans le monde de la santé.
Mais me direz-vous, selon le discours politiquement correct ambiant : « à chacun ses goûts ». Autrement dit la beauté n’existerait pas, seule subsisterait l’émotion esthétique.
Un petit détour par l’art me paraît nécessaire. Pendant longtemps l’art classique se fondait sur une opposition entre les œuvres d’art et les œuvres techniques. N’était art que ce qui n’était pas utile. Et l’art ne pouvait qu’être lié à l’intention consciente. Une œuvre de nature n’était pas belle puisque dans l’impossibilité d’être intentionnellement consciente de sa beauté.
Puis l’art dit contemporain a fait entrer les WC au musée. Autrement dit deux versions de l’art, et donc de l’émotion esthétique s’affrontent. L’inutile ou le conceptuel. Le tout pour l’art ou l’art dans le tout.
S’il est difficile de définir l’art, plus encore la Beauté. Et c’est un challenge terrible à relever en ce début de Millénaire : Nous avons un tel besoin de nous libérer des tensions que nous portons en nous, qu’il nous faut de l’énorme, de la puissance, de la violence pour dénouer nos troubles et arriver enfin à l’apaisement de la beauté. Pour rencontrer la beauté, l’esprit doit s’être vidé de ses tensions et doit avoir rencontré l’humilité. ( l’Essence de la beauté de Serge Carfantan, Philosophie et spiritualité)
Tout un programme…surtout pour les toubibs.

Restaurer la conscience
Et si nous demandions à Platon sa définition de la Beauté : Au sommet de l’Amour réside la compréhension de la Beauté, car la Beauté est ce que l’Amour découvre, quand il s’est dégagé de ses limites sensuelles, quand il s’est purifié de ce qui l’alourdit et le limite.
En lisant ces dernières lignes, il est évident qu’un (e) malade, polarisé sur sa pathologie, à fortiori si elle est grave, aura beaucoup de difficultés à penser à l’Amour et à la Beauté.
Comment peut-il, même s’il ressent l’Amour dont parle Platon, le vivre purifié de ce qui l’alourdit et le limite ? D’examens souvent invasifs en traitements qui ravagent le corps, sans oublier la peur qui sidère l’esprit, comment réveiller cet Amour, source de vie et d’espoir, comment redonner le goût de la Beauté à un visage sans cheveux ?
Toute notre société semble par son oubli de l’Amour avoir banni la Beauté.
Qu’y a-t-il de beau dans nos établissements de soins ? De la « fonctionnalité » pour permettre aux soignants d’aller plus vite, d’éviter les risques, les infections. Même les fleurs sont de plus en plus déconseillées. Le malade dans sa souffrance n’a que le sourire, rare malheureusement, des blouses blanches. Uniformité des couleurs, des murs, des meubles. Rien pour maintenir le vivant, pas de possibilité de repos, de retrait, juste le son des machines, des sonnettes, de la respiration si courte.

Renforcer la compétence:
De quelle compétence s’agit-il ? Est-ce que nous ne serions que des automates, soucieux du bon diagnostic ou du traitement adéquat ? Que nous manque-t-il alors pour que les malades puisent en nous une aide véritable ? Celle qui leur indiquera le chemin de l’Amour et de la Beauté ? Même et surtout s’ils savent leur vie presque au terme.
Si nous suivons les prescriptions de Serge Carfantan il nous faudrait d’abord, nous même, les soignants, vider notre esprit des tensions et agir avec humilité. Pour Platon nous devons aimer.
Car il faut être en paix et aimer pour construire des hôpitaux qui ne ressemblent pas à des prisons, s’aimer pour être beau et rayonner, aimer encore pour que chaque visite devienne un rayon de soleil, aimer pour écouter nos patients, là où ils sont et pas là où nos propres peurs voudraient qu’ils soient.
La séparation entre le beau et le technique et l’orientation désespérément scientiste de la médecine ont limité celle-ci au mortifère. La mort existe, la maladie aussi, alors pourquoi vouloir isoler les malades dans le laid ? L’art n’est peut-être pas en tout mais la médecine a nié son art. Peut-on imaginer que la Beauté repousse les limites de la souffrance ?
Je veux le croire, je le crois, je le veux. Et vous ?

NDLR : La publication de ce texte consacré à la beauté le jour anniversaire même du drame du 11 septembre n’est pas un simple hasard du calendrier, mais une volonté délibérée de ce site. Comprenne à sa façon ce rapprochement d’allure paradoxale chaque lecteur qui le pourra.

l’os court : « La beauté, comme les verres de contact, est dans les yeux de celui qui regarde. » Lew Walace