Catégorie : philosophie
L’âme du monde
« Ecoutez, ô enfants des hommes, la grande vérité de la sagesse éternelle: le chemin consiste à passer de la conscience égotique à la conscience universelle. La conscience égotique est duelle: il y a « moi » et « le monde ». Toute ma vie je m’efforce de rechercher ce qui nourrit et satisfait mon ego et à fuir ce qui lui déplaît. La conscience universelle est non duelle: il n’y a plus de séparation entre moi et le monde. Dès lors je quitte la loi mécanique de l’attraction et de la répulsion pour entrer dans la voie libre de l’acceptation de ce qui est. Je dis oui à l’être , au réel, à la vie. Je ne recherche plus mon intérêt égoïste dans le monde, je me sens partie intégrante du monde. Je ne dis plus: si le monde était bien fait il répondrait à tous les désirs,. Mais je dis: mon seul désir est d’être pleinement présent et ouvert au monde tel qu’il est. Le lâcher-prise ultime, qui se réalise dans l’attention de chaque instant, c’est celui de l’ego. Je vis alors dans la pulsation de l’Âme du monde.
Sagesse
F. Lenoir « Juste après la fin du Monde »
Les anciennes sagesses d’Orient nous disent que toutes les pensées que nous avons conçues depuis notre naissance constituent un vaste réservoir d’idées qu’elles appellent « le mental ».
Elles nous disent aussi que toutes nos émotions, nos désirs, nos sentiments, forgent progressivement notre moi individuel, qu’elles nomment « l’ego ». Le mental et l’ego sont les deux instances qui gouvernent notre vie et nous nous identifions à elles.
Ces sagesses nous disent aussi qu’il existe aussi en nous une autre instance supérieure au mental et à l’ego, qu’on peut appeler l’esprit, l’âme ou le Soi. C’est grâce à elle que nous pouvons, par la méditation ou l’introspection, prendre du recul par rapport à notre ego et à notre mental et en comprendre le fonctionnement.
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Notre ego se construit peu après la naissance, lorsque nous prenons conscience de la différence qui existe entre nous et notre mère, puis ente nous et le reste du monde.
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Il en va de même pour le mental: toute expérience, toute émotion, tout ressenti, s’accompagne d’une idée qui reste gravée en nous.
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L’ego ou le mental sont indispensables à la survie. Grace à eux, nous développons un sentiment d’individualité, un sens de notre propre intérêt, qui nous permettent d’affronter l’existence, ses dangers et ses aléas, le mieux armé possible. Un enfant qui a un ego mal structuré, ou un mental faible, sera mal adapté à la vie et peu apte au bonheur. Mais notre difficulté à être heureux provient aussi du fait que notre ego et notre mental se sont construits pour nous protéger, sans être nécessairement dans la vérité.
Gérald Bronner
A propos de son dernier ouvrage « Apocalypse cognitive », des extraits d’interview du journal Le Point:
« Jamais dans l’Histoire l’être humain n’a bénéficié d’autant de temps disponible, soutient-il, ni n’a été soumis à une telle masse d’informations. Mais loin d’utiliser ces trésors pour élever l’humanité à un stade supérieur de connaissances, il en devient le jouet…
Instinct. Surinformé, plongé dans un océan planétaire de données, de croyances, de fake news, de démagogie et de mensonges, le cerveau humain est désormais l’enjeu d’une lutte d’influences visant à en capturer les tendances naturelles et à en exploiter les fragilités. Dans cette course permanente pour capter l’attention du public, médias, fournisseurs de contenus, publicitaires, idéologues, politiques même s’adressent à nos instincts plus qu’à notre raison, dévoilant certains éléments de notre nature profonde façonnés par des millénaires d’évolution : l’obsession du sexe – liée à l’instinct de reproduction –, le conflit – consubstantiel à la vie en groupe –, la peur – condition de la survie en milieu hostile… Ces mêmes instincts qui ont permis à l’homme du néolithique de développer des civilisations successives entraîneront-ils l’humanité, demain, sur une pente inverse ?
Face à cette vertigineuse perspective, Gérald Bronner défend une approche basée sur la connaissance et le développement de l’esprit critique. Mais cette approche, prévient-il, a un préalable : la lucidité. Pour se libérer des innombrables manipulations qui le menacent, l’homme doit en premier lieu accepter de regarder en face sa propre nature, et se libérer des « mythes » découlant du déterminisme social dont s’inspire encore largement la sociologie contemporaine. Puisque les thèses actuelles ne permettent pas de comprendre ni de penser le réel, il convient d’en changer, en balayant les idéologies qui refusent cette « part sombre » de la nature humaine. En clair, Pierre Bourdieu et ses disciples se trompent, assène-t-il : si l’environnement social influence évidemment les individus, le pouvoir prêté à des entités collectives (« le capitalisme », « le système », « les dirigeants »…) échoue à rendre intelligibles les conséquences du chaos informationnel qui bouleverse nos sociétés. Au contraire : nos données numériques prouvent que nous sommes aussi naturellement dotés de dispositions cognitives qui déterminent nos comportements.
Simone Weil
A propos de l’égalité
Le respect est dû à l’être humain comme tel et n’a pas de degrés.
Simone Weil à Joë Bousquet le 13 avril 1942
L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité.
Il est donné à très peu d’esprits de découvrir que les choses et les êtres existent. Depuis mon enfance je ne désire pas autre chose que d’en avoir reçu avant de mourir la révélation complète. Il me semble que vous êtes engagé dans cette découverte.
(…) Cette découverte fait en somme le sujet de l’histoire du Graal. Seul un être prédestiné a la capacité de demander à un autre « Quel est donc ton tourment ? » Et il ne l’a pas en entrant dans la vie. Il lui faut passer par des années de nuit obscure où il erre dans le malheur, loin de tout ce qu’il aime et avec le sentiment d’être maudit. Mais au bout de tout cela il reçoit la capacité de poser une telle question, et du même coup la pierre de vie est à lui. Et il guérit la souffrance d’autrui.
La pesanteur et la grâce
Considérer toujours les hommes au pouvoir comme des choses dangereuses.
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Pour ceux dont le je est mort, on ne peut rien faire, absolument rien. Mais on ne sait jamais si, chez un humain déterminé, le je est tout à fait mort, ou seulement inanimé. S’il n’est pas tout à fait mort, l’amour peut le ranimer comme par une piqûre, mais seulement l’amour tout à fait pur, sans la moindre trace de condescendance, car la moindre nuance de mépris précipite vers la mort.
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C’est une faute que de désirer être compris avant de s’être élucidé soi-même à ses propres yeux. C’est rechercher des plaisirs dans l’amitié, et non mérités. C’est quelque chose de plus corrupteur encore que l’amour. Tu vendrais ton âme pour l’amitié.
Apprends à repousser l’amitié, ou plutôt le rêve de l’amitié. Désirer l’amitié est une grande faute.
L’amitié doit être une joie gratuite comme celle que donne l’art, ou la vie. Il faut la refuser pour être digne de la recevoir : elle est de l’ordre de la grâce («Mon Dieu, éloignez-vous de moi…»). Elle est de ces choses qui sont données par surcroît. Tout rêve d’amitié mérite d’être brisé. Ce n’est pas par hasard que tu n’as jamais été aimée… Désirer échapper à la solitude est une lâcheté. L’amitié ne se recherche pas, ne se rêve pas, ne se désire pas ; elle s’exerce (c’est une vertu). Abolir toute cette marge de sentiment, impure et trouble. Schluss !
Ou plutôt (car il ne faut pas élaguer en soi avec trop de rigueur), tout ce qui, dans l’amitié, ne passe pas en échange effectifs doit passer en pensées réfléchies. Il est bien inutile de se passer de la vertu inspiratrice de l’amitié. Ce qui doit être sévèrement interdit, c’est de rêver aux jouissances du sentiment. C’est de la corruption. Et c’est aussi bête que de rêver à la musique ou à la peinture. L’amitié ne se laisse pas détacher de la réalité, pas plus que le beau. Elle constitue le miracle, comme le beau. À vingt-cinq ans, il est largement temps d’en finir radicalement avec l’adolescence…
Note sur la suppression générale des partis politiques
Supposons un membre d’un parti, député, candidat à la députation, ou simplement militant, qui prenne publiquement en public l’engagement que voici : » Toutes les fois que j’examinerai n’importe quel problème politique ou social, je m’engage à oublier absolument le fait que je suis membre de tel groupe, et à me préoccuper exclusivement de discerner le bien public et la justice. » Ce langage serait mal accueilli. Les siens et beaucoup d’autres l’accuseraient de trahison.
L’enracinement
La symbolique grecque explique le fait que Pythagore ait offert un sacrifice dans sa joie d’avoir trouvé l’inscription du triangle rectangle dans le demi-cercle.
Le cercle aux yeux des Grecs, était l’image de Dieu. Car un cercle qui tourne sur lui-même, c’est un mouvement où rien ne change et parfaitement bouclé sur soi-même. Le symbole du mouvement circulaire exprimait chez eux la même vérité qui est exprimée dans le dogme chrétien par la conception de l’acte éternel d’où procèdent les relations entre les Personnes de la Trinité.
La moyenne proportionnelle était à leurs yeux l’image de la médiation divine entre Dieu et les créatures. Les travaux mathématiques des Pythagoriciens avaient pour objet la recherche de moyennes proportionnelles entre nombres qui ne font pas partie d’une même progression géométrique, par exemple entre l’unité et un nombre non carré. Le triangle rectangle leur a fourni la solution. Le triangle rectangle est le réservoir de toutes les moyennes proportionnelles. Mais dès lors qu’il est inscriptible dans le demi-cercle, le cercle se substitue à lui pour cette fonction. Ainsi le cercle, image géométrique de Dieu, est la source de l’image géométrique de la Médiation divine. Une rencontre aussi merveilleuse valait un sacrifice.
Lettre à Ménécée
Un peu de sagesse à entendre, à défaut de bonnes résolutions. 🙂
https://youtu.be/UESVf-U3-3s
Dupontel encore
Adieu les cons
Décivilisation
Extrait du journal « La Revue des deux Mondes » de ce mois.
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Pierre Teilhard de Chardin
Hommage à cet Auvergnat illustre, né à Orcines, dont la pensée parfois difficile à suivre est toujours géniale.
À la loi de Lavoisier (rien ne se perd rien ne se crée), à la première loi de l’énergétique (on ne peut créer de l’énergie nouvelle, on ne fait que transformer l’énergie) et à la deuxième loi de l’énergétique (l’entropie tend vers un maximum, c’est-à-dire que l’énergie physique s’épuise et que le désordre de la matière augmente) s’ajoute ce que Teilhard nomme la Loi de complexité – conscience. C’est-à-dire que plus il y a complexification (des neutrons, protons et électrons aux atomes, molécules, cellules et mammifères, à l’humain et aux phénomènes sociaux) plus se construit la conscience d’être. Cette conscience d’être qui, à la limite, nous fait réaliser que notre devenir est entre nos mains. L’homme est au centre de ce phénomène puisque l’homme sait qu’il sait. Il est le premier capable de décider de lui-même de participer à l’Évolution qui est une montée vers la Conscience.
Le moment est venu de se rendre compte qu’une interprétation, même positiviste, de l’Univers doit, pour être satisfaisante, couvrir le dedans, aussi bien que le dehors des choses, – l’Esprit autant que la Matière. La vraie Physique est celle qui parviendra, quelque jour, à intégrer l’Homme total dans une représentation cohérente du monde.
« Constitution spirituelle et synthèse matérielle ne sont que les deux faces ou parties liées d’un même phénomène ». Ce qui signifie, à ses yeux que la spiritualité est inscrite dans la matière ou, en d’autres mots, que la matière porte en germe la spiritualité. Ainsi, à mesure que l’organisation de la matière monte en complexité, la conscience elle aussi peut grandir. D’où son énoncé de la Loi de complexité – conscience.
La vie commence avec les cellules à partir de méga molécules, il y a de ça quelque 3 milliards d’années. Avec ces cellules se construisent l’arborescence et l’expansion de la vie. Et dans cette arborescence, voici quelques 6 à 4,5 millions d’années, apparaît le phylum qui mène à l’humain.
À travers les millénaires, à mesure que le vivant s’organise, la conscience grandit:
« L’Homme non pas centre statique du monde,- comme il s’est cru longtemps; mais axe et flèche de l’Évolution,- ce qui est bien plus beau. »
« Du point de vue expérimental qui est le nôtre, la Réflexion, ainsi que le mot l’indique, est le pouvoir acquis par une conscience de se replier sur soi, et de prendre possession d’elle-même comme d’un objet doué de sa consistance et de sa valeur particulière : non plus seulement connaître, – mais se connaître; non plus seulement savoir, mais savoir que l’on sait.
Nous sommes tous des individus qui prenons conscience d’être dans notre rapport avec les autres.
Teilhard imagine que se développe à la surface de la Terre une nappe pensante : la noosphère. Nous sommes, chacun d’entre nous, des cellules de cette nappe pensante. Dans cette noosphère, l’Amour énergie s’accumule : « L’Amour, aussi bien que la pensée, est toujours en pleine croissance dans la Noosphère. » (Teilhard, précité, p. 41). Depuis l’apparition d’’homo sapiens il y a 200 000 ans, suivie du début de la socialisation, il y a environ 10 000 ans, puis du siècle des Lumières, l’homme voit l’Évolution s’accélérer. Teilhard voit le phénomène social comme la suite logique du phénomène biologique: « Le phénomène social : culmination, et non atténuation, du Phénomène Biologique.»
https://youtu.be/jyA0BWe1jpc
Sagesse?
« L’autocritique, la dérision, l’humour noir et l’indignation sous toutes ses formes sont de saines attitudes, jubilatoires et constructives dans un monde en crise, où nous sommes tant, à nous « prendre au sérieux »… Rions, moquons nous de nous pour ne pas tomber dans une société rigidifiée, immobilisée dans ses certitudes !!! Tellement de choses indignent, font sortir de nos gongs… que l’ironie, la dérision, se moquer de soi-même… sont des réactions saines pour ne pas devenir des moutons bêlants; être en vigilance constante… et il y a de quoi faire !!. »
De fanfanouche24, membre de Babelio