Extrait du journal Le Monde
Des chercheurs de la faculté de médecine de l’université de Pittsburgh (Pennsylvanie) rapportent, dans un article publié le 3 février 2021 dans la revue Science, que le SARS-CoV-2 peut également échapper à la pression du système immunitaire par un autre moyen que celui de mutations se traduisant par la substitution d’un nucléotide par un autre dans l’ARN.
Le virus peut en effet mettre en place un mécanisme consistant à perdre d’infimes portions de la séquence génétique codant pour la protéine S afin de résister à la neutralisation par les anticorps et l’aider à survivre. Les biologistes moléculaires parlent de délétion pour désigner la perte de matériel génétique.
Les scientifiques ont découvert que le SARS-CoV-2 pouvait présenter un profil évolutif caractérisé par l’apparition de délétions récurrentes dans le gène codant la protéine S. Celles-ci permettent donc de passer outre le système de correction des mutations. Ces délétions dans la protéine S altèrent des épitopes contre lesquelles sont dirigés des anticorps neutralisants. En d’autres termes, ces délétions permettent au virus d’échapper aux anticorps qui ne reconnaissent plus certaines cibles.
Un système de correction inopérant sur les délétions
Contrairement aux mutations qui peuvent être corrigées par le système de correction des erreurs, aucune réparation ne peut avoir lieu en cas de délétion. En effet, il n’y a rien que ce système puisse corriger lorsque la séquence génétique à réparer a été définitivement perdue. On conçoit dès lors que la survenue de délétions peut participer à une évolution virale rapide visant à contrer la réponse immunitaire adaptative, à savoir celle spécifiquement dirigée contre le virus.
Comme d’autres équipes, les chercheurs de l’université de Pittsburgh ont récemment rapporté que le SARS-CoV-2 peut acquérir des délétions dans une région particulière de la protéine S, le domaine amino-terminal (NTD), chez des patients immunodéprimés qui présentent de ce fait une infection virale prolongée.