mercredi 18 novembre 2020
Rédaction Médicale et Scientifique
« 10 à 30 000 morts par an du médicament ne semblent pas émouvoir ni les décideurs, ni les professionnels, ni le public
Le titre de ce billet reprend une donnée française raisonnable (voir page 71 du livre). Il ne faut pas déprimer à la lecture facile d’un livre bien écrit et bien documenté de Bernard Bégaud, spécialiste du médicament. En, fait ce qui est déprimant, c’est l’inertie collective de notre société, incapable de voir que le médicament, et surtout son mésusage, engendre des coûts inutiles d’environ 10 milliards par an. Ce livre est écrit sans être moralisateur ou accusateur : c’est autant le système incapable de reconnaître les problèmes que les hommes. Néanmoins, quelques fonctionnaires, HEC, ENA, etc… sont aux manettes et aveugles car ils raisonnent en silo pour leurs décisions, leurs budgets, etc… C’est bien expliqué. L’auteur a connu la plupart des scandales, et les relate clairement. Le sous-titre du livre ‘110 milliards d’euros plus tard’ fait allusion au délai entre l’idée et la publication du livre.
Je me permets de citer quelques phrases, parfois sans leur contexte, et qui m’ont plu, car je reconnais le système :
page 8 : ‘On touche là l’omerta bien particulière qui pèse sur le médicament : tout le monde ou presque se satisfait, pour des raisons parfois totalement opposées, du fait que rien ne bouge‘.. Il évoque ensuite le théâtre expiatoire après chaque crise sanitaire… avant que les choses ne reprennent leur cours.
page 24 : L’auteur a expliqué plusieurs fois le calcul des 10 milliards annuels de gabegie (détaillé en annexe du livre), et il n’a pas été écouté en ‘haut lieu’ : ‘Ce contraste, maintes fois observé, entre ces machines d’exception que sont ces élites de la République et leur incompréhension à saisir ce qui paraît a priori évident a toujours été pour moi un sujet de grand étonnement‘.. pour moi aussi !
Les critiques sur le prix du médicament sont très claires, convaincantes, avec des exemples précis. Les Agences ont perdu tout pouvoir ! Et ce n’est que le début d’un dérapage… Les gabegies sont bien décrites : antibiotiques, psychotropes, statines, antiulcéreux.. fin de la litanie. Des chapitres sont dédiés au Médiator, au vaccin hépatite B, aux somnifères et au Lévothyrox.
Cet ouvrage reconnaît tous les bienfaits du médicament, n’accuse pas, et rend plus serein vis-à-vis de ces débats interminables sur les liens et conflits d’intérêts, plus délétères qu’utiles. »
« Les critiques rejoignent celles de mon billet sur les convenances sociales autour de la potion du druide de Marseille. »