Extrait de Détours en France n° 174 (Sophie Bogrow)
Steppe solitaire et démesurée, aussi douce de rondeurs sensuelles que violentée par la froidure et la burle tel est ressenti notre Cézallier puissant et libre.
L’Auvergne écrivaient Vialatte et Pourrat, est une île au cœur de la France. Le Cézallier, lui, serait plutôt une mer, paradoxale, soulevée au-dessus des terres. Un océan vert courant vers l’horizon en vagues souples, et quelques chapelles perchées sur ses rebords en guise de phares. Ainsi, celle de Saint-Alyre-ès- Montagne, tout au nord, celle de Chanet, perdue à l’est d’Allanche, avec son enclos minuscule, son porche creux pour protéger des bises mordantes et ses fresques romanes de cinéma (réalisées en 2002 pour Le Frère du guerrier, film de Pierre Jolivet). Ou encore à l’ouest, la chapelle Valentine, vigie blanche et noire au clocher carré, sur son promontoire dominant la Santoire et le hameau de la Gazelle.
« En termes de superficie, cette entité (Cézallier) n’est pas grand-chose : cinq pour cent du territoire cantalien, plus un petit morceau du Puy-de-Dôme, où les volcans ont superposé leurs laves il y a plus de trois millions d’années. Une ancienne calotte glaciaire y a semé lacs et tourbières, et en a aplani les reliefs au point que ses sommets, au nord le Signal du Luguet et ses 1 551 mètres, au centre le mont Chamaroux qui culmine à 1 476 mètres, n’y semblent plus que des collines à peine accentuées. Côté ouest, des tourbières du Jolan à celles de La Godivelle, de hauts plateaux herbus où le moindre bosquet fait exception s’étirent en longues solitudes, à peine griffées de quelques murets et clôtures, piquées de burons. Côté est, le plateau en corniche se coupe d’une succession de vallées boisées où cascadent les eaux claires de la Couze, la Sianne, l’Allanche.
Les bourgs assoupis derrière leurs murs sombres et leurs volets clos, les fermes éparpillées, environnées sans coquetteries inutiles de tracteurs, de citernes, de gros ballots de foin verts ou noirs et d’hirsutes machines à faner, se blottissent pour la plupart dans des replis aux marges du territoire.
Plus loin, des routes rapiécées relient les villages, en évitant de s’aventurer vers le cœur du plateau où les vicinales vous perdent, tantôt entre joncs et sphaignes spongieuses, tantôt dans les nuages. Les 10 mètres de pierraille où vous avancez semblant soudain flotter sur une mer de coton blanc… Marcenat, Montgreleix, puis La Godivelle : une poignée de maisons jetée entre deux lacs, celui du haut, ancien cratère profond, et celui du bas, distant d’à peine 400 mètres. Et au milieu, une monumentale fontaine abreuvoir, presque un troisième lac… Au bas du village Les Sagnes, c’est-à-dire le marais, la réserve naturelle protégée abrite des centaines d’espères rares, animales ou végétales ; à l’automne, on y guette les migrateurs de passage. »
(Marie-Hélène Lafon)
Suivent quelques photos de Luc Olivier, uniquement sur le Blog




Très beau texte et belles photos!
Je me demande si le monastère est visitable. Il ne semble pas y avoir grande différence entre les nonnes orthodoxes et les nonnes cathos.
Oui Marie, on peut visiter. Personnellement je l’ai fait plusieurs fois. Les moniales vendent le fruit de leur travail, miel etc ..
Le monastère est assez remarquable avec ses toits dorés au milieu d’une nature assez sauvage
La différence entre moniales et nonnes, c’est quelque chose que je n’ai jamais bien saisi. Vivre leur vie me plairait. Plus par inadaptation au monde que par vocation.
Je n’ai pas de certitude, mais dans mon esprit les moniales sont des nonnes qui vivent retirées dans un monastère et se consacrent à la prière et aux dévotions. Certaines nonnes, en revanche, sont insérées dans la vie active et ne restent pas cloitrées.
Sous toute réserves…… 🙂
belles photos !