Sally Mann

Sally Mann (Expo actuelle Jeu de Paume)

Les photographies n’ont rien d’idylliques malgré leur cadre naturel. Y règne une atmosphère angoissante et parfois lugubre. Une menace pèse sur les paysages et les protagonistes. Lorsqu’ils ne sourient pas et se prélassent, les enfants –Emmet, Jessie et Virginia– sont blessé·es, nu·es ou adoptent des poses d’adultes ambiguës, des poses de détresse ou encore de martyr. Damaged Child (1984), l’image introductive du livre de Sally Mann, montre le visage boursouflé de sa fille Jessie, victime de piqures d’insectes. Sur Emmett Floating at Camp (1991), le corps de son fils Emmett flotte à la surface de l’eau et ne manque pas d’évoquer un cadavre… Ailleurs, on le voit nu, le bas du corps taché par une texture sombre.

Loin de satisfaire ses pulsions sadiques, Sally Mann photographie des événements quotidiens que son œil de photographe transfigure. Elle explore ses peurs de mère, l’angoisse que ses enfants soient en danger, meurent ou grandissent trop vite. Sur la sublime photo The Last Light (1990) (photo ci-dessous) par exemple, une main adulte prend le pouls de sa fille comme si celle-ci allait lui échapper.
Dans le livre Immediate Familily, Sally Mann décrit ses clichés comme «des fictions», des images «fantastiques» ou portant «la plupart sur des choses ordinaires que toute mère a eu sous les yeux: un lit mouillé, un nez qui saigne, des cigarettes en sucre». Consciente des remous qu’ils pourraient susciter, la photographe prévoit d’abord d’attendre que ses enfants soient adultes pour les diffuser. Dans le catalogue de l’exposition, Sarah Kennel, l’une des commissaires raconte: «En l’apprenant, ses enfants […] lui demandent de reconsidérer sa décision. Après avoir consulté un psychologue qui assure Mann et Larry [son mari] qu’Emmett et Jessie sont bien intégrés et parfaitement conscients des incidences d’une publication […], Mann prend le parti de publier.»

 

Une réflexion sur « Sally Mann »

  1. Si on met à part les « photographes du dimanche » adeptes de la « photo souvenir » ou du « j’y étais » (ce qui présente aussi parfois de l’intérêt) je crois qu’il y a 3 catégories de photographes:
    -ceux qui recherchent des sujets inspirants sans les modifier et qui utilisent leur art pour les magnifier ou exprimer une sensibilité, comme Atanas Sutkus par exemple.
    -ceux qui choisisse un sujet avec comme souci premier qu’il leur permette d’effectuer un travail « post-prise de vue » via le numérique pour exprimer un ressenti.
    -ceux qui mettent en scène et installent un sujet avant de le photographier dans le but d’exprimer une idée ou un ressenti, comme Nils-Udo ou Sally Mann qui elle se situe à la limite de l’art et de la pédopornographie.

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