Progrès!

Et si l’on « améliorait » l’espèce humaine ? En 1948, quelques années après les horreurs hitlériennes, Boris Vian, sous le pseudo de Vernon Sullivan, imaginait dans son roman Et on tuera tous les affreux l’éradication par un médecin zélé des individus ne méritant pas de vivre.
Sujet tabou, l’eugénisme a longtemps été victime de la reductio ad Hitlerum.
Assimilée aux crimes nazis, l’idéologie revient aujourd’hui sur le devant de la scène de par les manipulations génétiques que la science permet d’effectuer. Choisir son donneur de sperme ou modifier directement l’embryon pour décider du sexe ou de la couleur des yeux de son bébé, est-ce moral ? Pour mieux appréhender ces questions nouvelles, il faut plonger dans l’histoire de l’eugénisme.
L’eugénisme a toujours existé
Du grec eu [« bien, bon »] et genos [« naissance »], l’eugénisme signifie « bien né ». Le mot a été créé au XIXème siècle mais la pratique qu’il désigne existait déjà dans l’Antiquité, notamment dans le monde grec. Elle était fondée sur une hiérarchisation de la société entre bons et moins bons et, on n’en sera pas surpris, elle cohabitait sans problème avec la pratique de l’esclavage.
Alors qu’aujourd’hui, les arrêts volontaires ou thérapeutiques de grossesse divisent les consciences, les Grecs ne se souciaient pas de question morale autour de leur progéniture. À Athènes, après la naissance du nourrisson, les parents disposaient d’un temps de réflexion pour décider s’ils souhaitent le garder ou l’abandonner. Cela dépendait du sexe de l’enfant (les filles étaient plus souvent abandonnées), de sa physiologie ou encore de raisons économiques.
À Sparte, les parents n’étaient même pas maîtres de leur descendance. C’est un comité d’anciens qui examinait le nouveau-né préalablement testé dans un bain de vin par les sages-femmes (pour déceler les métabolismes fragiles). Si le test était concluant, l’enfant avait le droit de vivre. Mais gare à ceux qui ne passaient pas l’épreuve ! Ils pouvaient être jetés au fond d’un précipice, le gouffre des Apothètes.

Charlotte Chaulin   Hérodote

 

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