Pauvres oiseaux et honte aux humains.
Lundi 17 décembre à 10h30 au Conseil d’Etat, aura lieu l’audience sur la suspension en urgence demandée par l’association One Voice des 11 arrêtés signés par François de Rugy, ministre de la Transition écologique et Solidaire, concernant les pièges traditionnels pour les oiseaux.
A peine nommé ministre, l’une des premières décisions prise par François de Rugy fut d’adopter 11 arrêtés ministériels autorisant le piégeage des oiseaux selon des méthodes traditionnelles et réputées comme cruelles. Dès l’annonce de la publication de ces arrêtés, nous avions annoncé les attaquer un à un devant la justice. One Voice a donc déposé une demande de suspension en urgence, qui sera examinée lors d’un audience au Conseil d’Etat, lundi 17 décembre à 10h30.
Des oiseaux en voie de disparition et déjà chassés partout en France
Une étude récente du Muséum d’Histoire Naturelle et du CNRS a démontré le déclin important des oiseaux de nos campagnes, évoquant un phénomène de « disparition massive », « proche de la catastrophe écologique », du fait d’une réduction de leurs effectifs d’un tiers au cours des quinze dernières années, ce qui est considérable.
Ces oiseaux sont d’ores et déjà chassés à tir sur l’ensemble du territoire français. Ces arrêtés s’ajoutent donc à l’arsenal disponible aux chasseurs et piégeurs pour tuer, eux qui sont déjà si mal en point.
Des pièges cruels pour les oiseaux, la tradition en toile de fond
Le peu d’oiseaux qui survit dans nos campagnes – malgré la disparition d’espaces naturels et l’épandage de pesticides qui, non contents de les empoisonner directement les affament en exterminant les insectes – est donc tiré à vue, mais aussi piégé.
En plein vol, un filet se distingue seulement au dernier moment. Trop tard pour l’éviter, les pattes et les ailes s’y coincent. En se débattant, souvent les membres se brisent. Pire, si les oiseaux parviennent à se détacher à force de secousses, ils tombent au sol. Si la chute ne leur est pas fatale, blessés ils deviennent trop vulnérables pour survivre.
Avec les pièges à la glu, les oiseaux se posent sur la branche enduite, et ne peuvent se détacher. Là encore, les ailes et les pattes restent collés, et les oiseaux paniqués se blessent en se débattant.
Les chasseurs-piégeurs arguent qu’ils les détachent s’ils ne font pas partie des espèces visées. Mais combien servent d’appât pour les autres? Combien sont trop mal en point pour s’en sortir? Combien sont braconnés ?
Si le Conseil d’Etat juge comme l’estime One Voice, que les arrêtés doivent être suspendus avant la fin de leur validité légale, non à cause d’un quota qui serait dépassé, ce serait une avancée notable dans la préservation des oiseaux.
Ces êtres intelligents et sensibles représentent une richesse pour la biodiversité et sont partie intégrante du patrimoine de la nation.
Non seulement ces arrêtés doivent être suspendus, annulés, mais One Voice milite aussi pour que ces pièges soient interdits.
One Voice demande comme une majorité de Français (sondage IPSOS pour One Voice du 7 octobre 2018) une réforme radicale de la chasse avec un encadrement plus strict de celle-ci, et l’interdiction des pratiques les plus cruelles. 84% des français sont favorables à l’interdiction des pièges pour chasser (glu pour immobiliser les oiseaux, filets pour les capturer sans distinction d’espèces, etc). 76% pensent que c’est déjà le cas.
Voici les 11 arrêtés pour lesquels l’audience a été fixée en urgence par le Conseil d’Etat :
1. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à la capture de l’alouette des champs (Alauda arvensis) au moyen de pantes dans le département de la Gironde pour la campagne 2018-2019
2. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à la capture de l’alouette des champs (Alauda arvensis) au moyen de pantes et de matoles dans le département des Landes pour la campagne 2018-2019
3. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à la capture de l’alouette des champs (Alauda arvensis) au moyen de pantes et de matoles dans le département du Lot-et-Garonne pour la campagne 2018-2019
4. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à la capture de l’alouette des champs (Alauda arvensis) au moyen de pantes dans le département des Pyrénées-Atlantiques pour la campagne 2018-2019
5. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à l’emploi des gluaux pour la capture des grives et des merles noirs destinés à servir d’appelants, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence pour la campagne 2018-2019
6. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à l’emploi des gluaux pour la capture des grives et des merles noirs destinés à servir d’appelants, dans le département des Alpes-Maritimes pour la campagne 2018-2019
7. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à l’emploi des gluaux pour la capture des grives et des merles noirs destinés à servir d’appelants, dans le département des Bouches-du-Rhône pour la campagne 2018-2019
8. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à l’emploi des gluaux pour la capture des grives et des merles noirs destinés à servir d’appelants, dans le département du Vaucluse pour la campagne 2018-2019
9. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à la capture des vanneaux et des pluviers dorés dans le département des Ardennes pour la campagne 2018-2019
10. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à l’emploi des gluaux pour la capture des grives et des merles noirs destinés à servir d’appelants, dans le département du Var pour la campagne 2018-2019
11. L’arrêté du 24 septembre 2018 relatif à la tenderie aux grives ou aux merles noirs dans le département des Ardennes pour la campagne 2018-2019
Jessica Lefèvre-Grave
Les oiseaux n’ont jamais eu la vie facile. Je n’aime pas les chasseurs. Mais il n’y a pas qu’eux qui font du mal aux oiseaux.
Dans un livre de Twinka Thiébaud que j’achève de traduire, parmi les anecdotes d’ H. Miller , figure l’histoire des oiseaux aveugles de Bruxelles où on leur crevait les yeux pour qu’ils chantent mieux.